Mobile Suit Gundam 0080-War In The Pocket.

Publié le par Kaïl

La fin d'année UC 0079 a un goût amer pour le Duché de Zeon. Tout menace de s'écrouler autour de lui tandis qu'il semble avoir toutes les peines du monde à opposer une résistance solide aux assauts de la Fédération. Sur le terrain, les troupes ne baissent pas pour autant les bras, à l'image de l'escadron Cyclops qui s'infiltre dans une base ennemie pour mettre la main sur un prototype fédéré. En dépit de leurs efforts, l'objectif parvient à être expédié dans l'espace, vers une destination inconnue. Nullement découragée, l'unité parvient à retrouver la trace de sa proie dès les premiers jours de l'UC 0080. Celle-ci se trouve désormais sur Libot, une colonie neutre. Une offensive est aussitôt planifiée mais rapidement contrée, obligeant les assaillants à se retirer. La retraite de l'un d'entre eux est cependant compromise à cause de sévères dommages sur son Zaku qui l'obligent à s'écraser. Le pilote parvient à s'extirper de son engin et constate qu'un habitant de la colonie rôde autour de son armure mobile, visiblement fasciné.

Ce sont dans ces circonstances que Bernard WISEMAN et Alfred IZUHARA lièrent connaissance. Les deux principaux protagonistes illustrent chacun l'une des facettes de MS Gundam 0080-War In The Pocket. Comme le suggère son titre, le postulat de l'anime est de dépeindre la Guerre d'Un An du côté des civils et a fortiori au travers du regard d'un enfant. Dans le même temps, nous allons suivre les agissements de soldats de Zeon, alors que l'on s'était toujours placé du côté adverse. Ces six OAVs prennent le parti de modifier nos habitudes afin d'explorer d'une manière différente la conclusion de cette période meurtrière.

Dépeindre la guerre par l'intermédiaire d'un enfant est un concept classique voire éculé. Il passerait presque pour une solution de facilité tant l'impact émotionnel de cette situation est puissant. Comment ne pas s'émouvoir quand l'incarnation de l'innocence est confrontée à la barbarie humaine ? Dans ce registre, Gen d'Hiroshima de Keiji NAKAZAWA ou Le Tombeau Des Lucioles de Isao TAKAHATA ont profondément marqué tous leurs lecteurs et spectateurs, prouvant à quel point voir un enfant souffrir à cause de la folie des adultes est déchirant. Si le manga et le film sus-cités font habilement vibrer notre corde sensible et nous émeuvent, d'autres y ont maladroitement recours et versent dans le pathos gratuit. En ce qui nous concerne, on s'en sort bien car le personnage d'Alfred est utilisé intelligemment.

Ce dernier ne se pose pas en victime, il n'en est d'ailleurs pas une initialement. Il fait partie de ces privilégiés dont le quotidien a connu peu d'altérations suite aux événements du dehors, la neutralité de sa colonie aidant. Par conséquent, il devrait s'estimer heureux et se targuer de pouvoir se comporter comme un enfant de son âge à l'heure où nombre de se semblables souffrent d'un conflit duquel il n'a au demeurant qu'une vision tronquée. Vivant dans un espace neutre, les batailles n'ont jamais atteint le pas de sa porte et seules les actualités, agissant tel un prisme déformant, l'informent de l'évolution de la Guerre d'Un An. Du haut de leurs dix printemps, Alfred et ses copains n'ont pas suffisament de recul face aux dernières nouvelles et en discutent comme ils le feraient d'une rencontre sportive. Dans ces conditions, et c'est bien normal, la guerre est non pas un jeu mais un spectacle pour ces jeunes esprits. Par conséquent, lorsqu'il rencontre Bernard, peu lui importe son appartenance à Zeon. Il est en contact avec l'un des acteurs de l'extérieur, qu'il n'hésitera pas à aider alors que celui-ci et ses compagnons ont semé le trouble chez lui. Dès lors, il collera aux basques du pilote puis se rapprochera des membres de l'escadron Cyclops avec qui il coopérera. Il finira par s'intégrer tout en retirant beaucoup de satisfaction à jouer dans la cour des grands. Il apprendra sur le tard  et dans de dramatiques circonstances que la réalité est cruelle en ces temps de troubles ; autant dire que le choc sera terrible. Pour résumer, l'anime met soigneusement en scène un éveil brutal, une prise de conscience violente vécus par un enfant ; une façon de souligner que les horreurs de la guerre n'épargnent personne.

Le second point sur lequel insister à propos de MS Gundam 0080-War In The Pocket est que l'action suit principalement une unité appartenant aux forces armées de Zeon, un changement qui rappelle la césure entre les genres Super Robot et Real Robot. Chaque série Gundam s'applique à ne pas sombrer dans la logique manichéenne qui était le lot du premier, s'efforçant de montrer que d'un côté comme de l'autre, il y a des héros et des ordures. On n'oppose pas les bons et les méchants mais deux camps aux motivations défendables à défaut d'être fondamentalement justes. 

Malgré tout, il paraît évident que Zeon endosse le mauvais rôle dans les différents accrochages de l'UC à force de toujours déclencher les hostilités. La Fédération partage quelques fois les torts mais passe davantage pour l'agressé que l'agresseur. Ici, l'occasion est donnée de redorer le blason des troupes de Degwin Zod ZABI. On leur découvre finalement des ressemblances avec leur ennemi. S'ils sont bélligérants, ils sont tous soldats, peu importe de quel côté de la barrière ils se situent. Ce qui prime est de se battre jusqu'à bout, c'est flagrant tout au long de la série. Pour rappel, Zeon approche de son crépuscule. Tout a beau se déliter, la lutte se poursuit. Ce n'est pas une question d'honneur, c'est la ténacité qui s'exprime. Les quatres membres de l'escadron Cyclops ne se battent pas avec l'énergie du désespoir, loin de là. Ils veulent mener leur mission à son terme par défiance envers les fédérés, pour ne pas qu'ils crient victoire avant l'heure. Cette volonté est communicative, le spectateur suivant avec attention ces hommes qui refusent la fatalité, veulent faire mentir le destin. A l'instar de MS Gundam-The 08th MS Team, MS Gundam 0080-War In The Pocket permet une plongée auprès des troupes régulières de Zeon cette fois et dans un contexte qui ne leur sourit pas. Présenter les choses de la sorte apporte un oeil neuf sur des unités que l'on avait cataloguées comme opposantes et souligne la dimension résolument humaine du conflit.

Le déroulement du scénario s'effectue sans encombre et les amitiés nouées ainsi qu'un élément que l'on attendait pas viendront en rajouter au moment de la tragique conclusion. Cette production de 1989 a mal vieilli, handicapée par un design qui joue la carte de la continuité avec le premier anime de 1979. La bande-son est agréable, les génériques également.

Une série à voir, émouvante, très triste mais tellement juste dans son ton.

Publié dans Mangas & animes

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