Le Nintendo 64DD (Première partie.).

Si vous avez déjà observé de près une Nintendo 64 (Ou N64.), vous aurez sûrement remarqué sous la console la présence d'un port d'extension. Celui-ci servait à accueillir un périphérique révolutionnaire du nom de 64DD (Pour Disk Drive.), lequel devait être commercialisé sur tout les marchés mais qui de fait ne vit le jour qu'au Japon où il connut une carrière éphémère. Son histoire, souvent méconnue, mérite que l'on s'y attarde puisqu'elle cristallise les faiblesses techniques dont souffrait la 64 bits de Nintendo.

Tout commence en novembre 1995 lors du Nintendo Shoshinkai. Ce salon connaît deux temps forts, à savoir la présentation au public de celle qui s'appelait encore l'Ultra 64 et la mention par Hiroshi YAMAUCHI d'une extension à venir pour la console. Aucun détail ne filtre, à part que l'objet en question s'apparentera à une sorte de lecteur ZIP. Le mystère s'épaissit durant un an et ce n'est qu'une fois la Nintendo 64 lancée que la firme de Kyoto dévoile officiellement le 64DD. Ce périphérique est censé ouvrir de nouvelles possibilités au joueur tels que la modification des jeux ou le téléchargement de mises à jour fournies par les éditeurs mais son principal apport est l'exploitation de disques magnétiques. Ce support a l'avantage de pouvoir stocker des données personnelles en grande quantité et surtout de mettre à disposition des développeurs plus d'espace de stockage que les traditionnelles cartouches tout en conservant leurs atouts (Solidité, temps de chargement quasi-inexistant...). En sus du volet technique, Shigeru MIYAMOTO promet monts et merveilles, déclarant travailler sur des concepts de jeux jamais vus auparavant car impossibles à réaliser sans la réunion de ces deux machines. Devant tant d'éloges, la mayonnaise prend et le public espère fébrilement voir débarquer l'engin l'année suivante conformément aux prévisions de Nintendo.

Sauf que rien n'arriva en 1997. Pourtant, l'effervescence autour du projet demeurait intacte comme en témoignaient les nombreuses annonces des studios dont la presse se faisait l'écho non sans enthousiasme. En outre, la rumeur qui supposait la présence d'un modem sur le 64DD fut rapidement confirmée par Nintendo, contribuant à alimenter un intérêt palpable du milieu pour cet add-on. Le point d'orgue fut atteint lorsqu'en octobre, il était devenu certain que les développpeurs américains avaient reçu leurs kits de développement, preuve que l'extension de la N64 était bel et bien opérationnelle. Toutefois, cette dernière ne devait voir le jour aux USA qu'à l'été 1998. Le premier report d'une longue série...

SI l'année 1997 avait été riche en communiqués de toutes sortes, 1998 fut morne de ce point de vue. Dès le mois de mars, le lancement du périphérique est repoussé une seconde fois pour une durée indéterminée. Par la suite, c'est une avalanche de mauvaises nouvelles : le 64DD ne bénéficiera pas du modem dans sa version américaine, son pendant européen n'est jamais évoqué et certains jeux migrent sur cartouche. Considérant cela, la presse finit par se montrer sceptique quant à l'avenir du périphérique. Nintendo décide de faire taire les mauvaises langues et avance enfin du concret pendant le premier semestre 1999. Les choses prennent peu à peu forme, l'arlésienne semble toucher à sa fin. Le 11 décembre 1999, le Nintendo 64DD est disponible pour de bon dans les échoppes japonaises mais son arrivée apparaît précipitée : seulement deux jeux l'accompagnaient au lieu des dix que l'on nous faisait miroiter six mois auparavant et les services en ligne ne commencèrent à fonctionner qu'à partir de février 2000. Ceci dénota un cruel manque de sérieux de la part de "Big N" qui le paya cher. Un an d'exploitation plus tard, la commercialisation cessa. Au final, neuf jeux virent le jour, l'extension ne sortit jamais des frontières du Japon et environ 15 000 unités furent écoulées.

Au même titre que le Virtual Boy, le 64DD s'est soldé par un échec commercial malgré l'attente qu'il avait suscité. Nous reviendrons dessus dans un second billet afin d'éclaircir les raisons de ce revers et les leçons à en tirer.